Date |
Dimanche 27
mars
2011:
3e
dimanche
du
carême |
Textes liturgiques du jour |
Ex 17, 3-7 Jn 4, 5-42 |
Auteur |
Jonathan
Guilbault |
En
pleine
lumière
Panem
et
circenses.
Du pain
et des
divertissements
violents.
Le poète
latin
Juvénal
résumait
ainsi
l’essentiel
de ce
qu’un
empereur
devait
offrir
au
peuple
pour
qu’il se
laisse
tyranniser
sans
poser de
questions.
Satisfaire
la faim
et les
grossiers
appétits.
À
prendre
connaissance
du
périple
des
Israélites
dans le
désert,
on
constate
qu’ils
étaient
faits de
la même
étoffe
que les
Romains
: ils
soupirent
après
les
oignons
et les
chaudrons
de
viande
d’Égypte,
puis se
plaignent
de la
soif, et
finalement
se
mettent
à danser
autour
d’une
idole,
le
fameux
veau
d’or.
Pas très
édifiant,
pour un
peuple
élu !
Face à
leurs
récriminations,
Dieu
prend
patience
et leur
dispense
le pain
du ciel,
la
manne,
préfigurant
l’eucharistie;
puis de
l’eau
vive
giclant
d’un
rocher,
préfigurant
l’eau du
baptême
jaillissant
du côté
transpercé
de
Jésus;
et enfin
la Loi,
ébauche
de la
Loi
d’amour
répandue
dans
tous les
cœurs
des
croyants
à la
Pentecôte.
Dieu
comble
les
besoins
de son
peuple,
mais
d’une
manière
bien à
lui :
chacun
de ses
dons est
une
invitation
à
dépasser
ses
stricts
désirs
humains.
Par
exemple,
la manne
est
donnée,
mais les
Israélites
ne
peuvent
pas en
faire de
provisions
: ils
doivent
faire
confiance
au don
que Dieu
leur
réserve
pour le
lendemain.
Ils
apprennent
à
s’abandonner
entre
les
mains du
Seigneur.
Ils font
une
expérience
semblable
lorsqu’ils
manquent
d’eau en
plein
désert :
en
répondant
à leurs
plaintes,
Dieu
manifeste
sa
présence
attentive
au
milieu
d’eux.
Au lieu
de se
plaindre,
peut-être
apprendront-ils
un jour
qu’il
suffit
simplement
de
demander
: «
Demandez,
on vous
donnera;
cherchez,
vous
trouverez;
frappez,
on vous
ouvrira
» (Mt 7,
7).
En
contraste
avec les
ancêtres
des
Juifs
qui sont
qualifiés
de «
peuple à
la nuque
raide »
(Dt 9,
13) – on
dirait
aujourd’hui
« tête
dure »
ou «
tête de
mule » –
par Dieu
qui n’en
finit
plus de
les
éduquer,
l’évangile
de Jean
présente
une
Samaritaine.
Celle-ci
fait
partie
d’un
peuple
considéré
par les
Juifs
comme un
ramassis
d’Israélites
dégénérés,
supposément
ignobles
aux yeux
de Dieu
car
pollués
par
leurs
unions
avec des
nations
idolâtres.
Or, son
dialogue
avec
Jésus
manifeste
qu’elle
est
peut-être
bien
plus
près
d’accueillir
le salut
que
beaucoup
de
Juifs.
Jean
précise
que la
rencontre
se
déroule
à midi.
C’est
l’heure
où le
soleil
atteint
son
zénith.
L’heure
de la
pleine
lumière.
Pleine
lumière
sur la
terre,
mais
aussi
sur
Jésus :
la
Samaritaine
apprendra
qu’il
est le
Messie
tant
attendu,
et son
village
entier
l’acclamera
comme «
Sauveur
du monde
». Mais
avant
tout,
Jésus se
présente
comme
celui à
qui on
peut
demander
une eau
d’une
nature
unique :
« Si tu
savais
le don
de Dieu,
si tu
connaissais
celui
qui te
dit : «
Donne-moi
à boire
», c'est
toi qui
lui
aurais
demandé,
et il
t'aurait
donné de
l'eau
vive. »
Jésus se
présente
comme le
nouveau
Moïse
qui fait
jaillir
l’eau
que l’on
demande
à Dieu.
Sauf que
Jésus
est bien
plus
qu’un
second
Moïse :
l’eau
qu’il
donne
est «
vive »,
c’est un
torrent
de vie,
la vie
éternelle
elle-même.
La
Samaritaine
lui
demande
cette
eau.
Jésus ne
refuse
pas,
mais il
veut
créer
les
conditions
pour que
la femme
puisse
la
recevoir.
Pourquoi
lui
demande-t-il
de
revenir
avec son
mari ?
Jésus,
en
faisant
la
pleine
lumière
sur
lui-même,
la fait
également
sur
chacun.
Il sait
que la
conscience
de la
femme
est
empesée
par des
histoires
conjugales
pas très
nettes.
Dans la
rivière
d’eau
vive
dans
laquelle
Jésus
veut
plonger
la
femme,
celle-ci
se
laissera-t-elle
emporter
par le
courant
de vie,
ou
coulera-t-elle,
attachée
à ses
vieux
péchés
comme à
des
pierres
?
Contrairement
à ce
qu’on
pense
parfois,
le
carême
est une
période
lumineuse
: pour
nous
préparer
à être
entraînés
dans sa
résurrection,
Jésus
nous
envoie
sous le
plein
soleil
du
désert :
là,
assistés
de
l’Esprit,
nous
pouvons
faire la
vérité
sur ces
désirs
de
panem et
circenses
qui nous
alourdissent
l’esprit,
nous
empêchent
de
demander
à Dieu
ce qui
nous est
seul
nécessaire
:
Lui-même.
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