Carnet du carême

2011

Cher lecteur, chère lectrice, les membres du groupe de jeunes de Montréal-Nord (Québec, Canada) se préparant pour les Journées mondiales de la Jeunesse de Madrid 2011 vous souhaitent la bienvenue !

 

Ce carnet poursuivait deux objectifs principaux: nous préparer spirituellement à l'aventure des JMJ en faisant résonner la Parole dans nos vies respectives; puis permettre à la frange jeunesse de notre Église d'exprimer au reste du monde les résultats de cet exercice. S’il y a bien un espace spirituel propre à la rencontre harmonieuse, authentiquement évangélique, c’est bien celui qu’ouvrent l’écoute et l'actualisation de la Parole, témoin intarissable du désir de Dieu de tous nous rassembler en vue d’une même béatitude, selon la prière du Christ : « Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un »

(Jn 17, 11).

 

À chaque jour du carême, vous trouverez une méditation sur les textes liturgiques écrite par un des jeunes de notre groupe.


©Gaël Cynthia Gracia

Enracinés en Christ...

 

Vous pouvez laisser vos commentaires, suggestions et appréciations à cette adresse: carnetducareme2011@hotmail.ca

 

 

Pour les plus gourmands, vous trouverez ici le carnet du carême du Centre étudiant Benoît-Lacroix

 

 
Date Dimanche 27 mars 2011: 3e dimanche du carême
Textes liturgiques du jour Ex 17, 3-7   Jn 4, 5-42
Auteur

Jonathan Guilbault

En pleine lumière

Panem et circenses. Du pain et des divertissements violents. Le poète latin Juvénal résumait ainsi l’essentiel de ce qu’un empereur devait offrir au peuple pour qu’il se laisse tyranniser sans poser de questions. Satisfaire la faim et les grossiers appétits. À prendre connaissance du périple des Israélites dans le désert, on constate qu’ils étaient faits de la même étoffe que les Romains : ils soupirent après les oignons et les chaudrons de viande d’Égypte, puis se plaignent de la soif, et finalement se mettent à danser autour d’une idole, le fameux veau d’or. Pas très édifiant, pour un peuple élu ! Face à leurs récriminations, Dieu prend patience et leur dispense le pain du ciel, la manne, préfigurant l’eucharistie; puis de l’eau vive giclant d’un rocher, préfigurant l’eau du baptême jaillissant du côté transpercé de Jésus; et enfin la Loi, ébauche de la Loi d’amour répandue dans tous les cœurs des croyants à la Pentecôte. Dieu comble les besoins de son peuple, mais d’une manière bien à lui : chacun de ses dons est une invitation à dépasser ses stricts désirs humains. Par exemple, la manne est donnée, mais les Israélites ne peuvent pas en faire de provisions : ils doivent faire confiance au don que Dieu leur réserve pour le lendemain. Ils apprennent à s’abandonner entre les mains du Seigneur. Ils font une expérience semblable lorsqu’ils manquent d’eau en plein désert : en répondant à leurs plaintes, Dieu manifeste sa présence attentive au milieu d’eux. Au lieu de se plaindre, peut-être apprendront-ils un jour qu’il suffit simplement de demander : « Demandez, on vous donnera; cherchez, vous trouverez; frappez, on vous ouvrira » (Mt 7, 7).

En contraste avec les ancêtres des Juifs qui sont qualifiés de « peuple à la nuque raide » (Dt 9, 13) – on dirait aujourd’hui « tête dure » ou « tête de mule » – par Dieu qui n’en finit plus de les éduquer, l’évangile de Jean présente une Samaritaine. Celle-ci fait partie d’un peuple considéré par les Juifs comme un ramassis d’Israélites dégénérés, supposément ignobles aux yeux de Dieu car pollués par leurs unions avec des nations idolâtres. Or, son dialogue avec Jésus manifeste qu’elle est peut-être bien plus près d’accueillir le salut que beaucoup de Juifs. Jean précise que la rencontre se déroule à midi. C’est l’heure où le soleil atteint son zénith. L’heure de la pleine lumière. Pleine lumière sur la terre, mais aussi sur Jésus : la Samaritaine apprendra qu’il est le Messie tant attendu, et son village entier l’acclamera comme « Sauveur du monde ». Mais avant tout, Jésus se présente comme celui à qui on peut demander une eau d’une nature unique : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. » Jésus se présente comme le nouveau Moïse qui fait jaillir l’eau que l’on demande à Dieu. Sauf que Jésus est bien plus qu’un second Moïse : l’eau qu’il donne est « vive », c’est un torrent de vie, la vie éternelle elle-même. La Samaritaine lui demande cette eau. Jésus ne refuse pas, mais il veut créer les conditions pour que la femme puisse la recevoir. Pourquoi lui demande-t-il de revenir avec son mari ? Jésus, en faisant la pleine lumière sur lui-même, la fait également sur chacun. Il sait que la conscience de la femme est empesée par des histoires conjugales pas très nettes. Dans la rivière d’eau vive dans laquelle Jésus veut plonger la femme, celle-ci se laissera-t-elle emporter par le courant de vie, ou coulera-t-elle, attachée à ses vieux péchés comme à des pierres ?

Contrairement à ce qu’on pense parfois, le carême est une période lumineuse : pour nous préparer à être entraînés dans sa résurrection, Jésus nous envoie sous le plein soleil du désert : là, assistés de l’Esprit, nous pouvons faire la vérité sur ces désirs de panem et circenses qui nous alourdissent l’esprit, nous empêchent de demander à Dieu ce qui nous est seul nécessaire : Lui-même.
 

 

 Unité pastorale Montréal-Nord