Date |
Jeudi 24
mars
2011:
férie du
carême |
Textes liturgiques du jour |
Jr 17, 5-10 Lc 16, 19-31 |
Auteur |
Jonathan
Guilbault |
Ce cœur
malade
de
parcourir
des
ruines
Je
raffole
du
cinéma
français.
Surtout
celui
que les
spécialistes
baptisent
du nom
de « Nouvelle
Vague »,
et qui
regroupe
des
cinéastes
comme
Truffaut,
Godard,
Rohmer,
etc.
J’en
raffole,
parce
que le
cinéma
français
sait
comme
nul
autre
révéler
le désir
amoureux
dans
toute sa
complexité,
ses
contradictions,
ses
périls.
Il n’est
pas rare
que les
personnages
masculins
soient
des
séducteurs
consommés,
ayant
accumulé
conquêtes,
trahisons,
désillusions.
Et
malgré
leurs
expériences
décevantes,
ils
finissent
par
retomber
dans le
panneau
; leur
désir
est
titillé
par
telle «
nouvelle
»
spécificité
féminine,
par une
nouvelle
rencontre,
et ils
larguent
toute
considération
raisonnable
pour
plonger
dans une
aventure
qui
ressemble
à s’y
méprendre
aux
précédentes,
qui ont
toutes
échouées
lamentablement.
« Le
cœur de
l’homme
est
compliqué
et
malade !
»
s’exclame
le
Seigneur
à
travers
Jérémie.
En effet
! Pour
qui ne
prend
pas la
résolution
d’être
constant
dans ses
attachements,
dans ses
engagements,
il y
aura
toujours
dans son
esprit
une voix
qui
essaiera
de le
convaincre
que les
anciennes
habitudes
de vie,
que les
anciennes
formules
qui
n’ont
jamais
donné de
bons
fruits
et qui
ont été
abandonnées
pour
cette
raison,
ont
encore
une
chance
d’en
donner.
« Et si
j’essayais
une
dernière
fois ? »
C’est un
des
pièges
qui
guettent
les
joueurs
compulsifs
: « Et
si je
n’avais
pas
gagné
parce
que je
n’avais
pas
essayé
telle
machine
? » Pour
un
religieux,
une
religieuse,
un
prêtre,
un
séminariste,
bref un
célibataire
par
choix,
la
tentation
peut se
présenter
sous
cette
forme :
«
L’expérience
me
montre
que je
suis
fait
pour
aimer
sous le
mode du
célibat,
mais au
fond,
n’en
suis-je
pas venu
à cette
conclusion
parce
que je
n’avais
pas
encore
rencontré
telle
personne,
ou
n’avait
pas
considéré
telle
personne
que je
connaissais
déjà
sous tel
angle
prometteur
? »
Bref,
quand
nous
laissons
des
portes
ouvertes
derrière
nous, ça
provoque
des
courants
d’air,
et notre
cœur
s’enrhume
alors
facilement.
N’est-ce
pas la
leçon
que nous
pouvons
retirer
de ce
passage
mythique
où la
femme de
Loth est
transformée
en
colonne
de sel
pour
avoir
regarder
en
arrière,
vers
Sodome
et
Gomorrhe
(Gn 19,
26) ?
Pensons
également
à cette
scène
relatée
dans
l’évangile
selon
saint
Luc,
dans
laquelle
un homme
interpelé
par
Jésus
lui
répond
qu’il le
suivra
certainement,
mais pas
avant
d’avoir
fait ses
adieux à
ses
proches.
Jésus en
tire un
enseignement
valable
pour la
vie
spirituelle
de nous
tous : «
Quiconque
met la
main à
la
charrue,
puis
regarde
en
arrière,
n’est
pas fait
pour le
Royaume
de Dieu
» (Lc 9,
62).
Dans
l’évangile
d’aujourd’hui,
Jésus
raconte
une
parabole
dans
laquelle
Abraham
débusque
la
mauvaise
foi
animant
celui
qui ne
veut pas
vraiment
renoncer
à ses
chimères
pour
entrer
de plein
pied
dans la
voie où
l’invitent
des
signes
pourtant
bien
évidents
: « S’ils
n’écoutent
pas
Moïse ni
les
prophètes,
quelqu’un
pourra
bien
ressusciter
d’entre
les
morts :
ils ne
seront
pas
convaincus
».
Conscients
que
cette
mauvaise
foi nous
habite
parfois,
prions
afin que
l’Esprit
Saint
entraîne
notre
cœur
loin des
ruines
que nous
sommes
tentés
de
parcourir
encore
et
encore;
qu’il
nous
garantisse
de tout
ce
cinéma
que nous
aimons
nous
faire,
de
toutes
ces
histoires
que nous
aimons
nous
conter
pour
justifier
notre
choix de
la
facilité;
et qu’en
purifiant
notre
regard
et notre
volonté,
il
affermisse
du même
coup nos
pas sur
nos
chemins
de croix
et de
joie.
Amen.
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