Carnet du carême

2011

Cher lecteur, chère lectrice, les membres du groupe de jeunes de Montréal-Nord (Québec, Canada) se préparant pour les Journées mondiales de la Jeunesse de Madrid 2011 vous souhaitent la bienvenue !

 

Ce carnet poursuivait deux objectifs principaux: nous préparer spirituellement à l'aventure des JMJ en faisant résonner la Parole dans nos vies respectives; puis permettre à la frange jeunesse de notre Église d'exprimer au reste du monde les résultats de cet exercice. S’il y a bien un espace spirituel propre à la rencontre harmonieuse, authentiquement évangélique, c’est bien celui qu’ouvrent l’écoute et l'actualisation de la Parole, témoin intarissable du désir de Dieu de tous nous rassembler en vue d’une même béatitude, selon la prière du Christ : « Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un »

(Jn 17, 11).

 

À chaque jour du carême, vous trouverez une méditation sur les textes liturgiques écrite par un des jeunes de notre groupe.


©Gaël Cyntha Gracia

Enracinés en Christ...

 

Vous pouvez laisser vos commentaires, suggestions et appréciations à cette adresse: carnetducareme2011@hotmail.ca

 

 

Pour les plus gourmands, vous trouverez ici le carnet du carême du Centre étudiant Benoît-Lacroix

 

 
Date Jeudi 24 mars 2011: férie du carême
Textes liturgiques du jour Jr 17, 5-10   Lc 16, 19-31
Auteur

Jonathan Guilbault

Ce cœur malade de parcourir des ruines

Je raffole du cinéma français. Surtout celui que les spécialistes baptisent du nom de « Nouvelle Vague », et qui regroupe des cinéastes comme Truffaut, Godard, Rohmer, etc. J’en raffole, parce que le cinéma français sait comme nul autre révéler le désir amoureux dans toute sa complexité, ses contradictions, ses périls. Il n’est pas rare que les personnages masculins soient des séducteurs consommés, ayant accumulé conquêtes, trahisons, désillusions. Et malgré leurs expériences décevantes, ils finissent par retomber dans le panneau ; leur désir est titillé par telle « nouvelle » spécificité féminine, par une nouvelle rencontre, et ils larguent toute considération raisonnable pour plonger dans une aventure qui ressemble à s’y méprendre aux précédentes, qui ont toutes échouées lamentablement.

« Le cœur de l’homme est compliqué et malade ! » s’exclame le Seigneur à travers Jérémie. En effet ! Pour qui ne prend pas la résolution d’être constant dans ses attachements, dans ses engagements, il y aura toujours dans son esprit une voix qui essaiera de le convaincre que les anciennes habitudes de vie, que les anciennes formules qui n’ont jamais donné de bons fruits et qui ont été abandonnées pour cette raison, ont encore une chance d’en donner. « Et si j’essayais une dernière fois ? » C’est un des pièges qui guettent les joueurs compulsifs : « Et si je n’avais pas gagné parce que je n’avais pas essayé telle machine ? » Pour un religieux, une religieuse, un prêtre, un séminariste, bref un célibataire par choix, la tentation peut se présenter sous cette forme : « L’expérience me montre que je suis fait pour aimer sous le mode du célibat, mais au fond, n’en suis-je pas venu à cette conclusion parce que je n’avais pas encore rencontré telle personne, ou n’avait pas considéré telle personne que je connaissais déjà sous tel angle prometteur ? » Bref, quand nous laissons des portes ouvertes derrière nous, ça provoque des courants d’air, et notre cœur s’enrhume alors facilement. N’est-ce pas la leçon que nous pouvons retirer de ce passage mythique où la femme de Loth est transformée en colonne de sel pour avoir regarder en arrière, vers Sodome et Gomorrhe (Gn 19, 26) ? Pensons également à cette scène relatée dans l’évangile selon saint Luc, dans laquelle un homme interpelé par Jésus lui répond qu’il le suivra certainement, mais pas avant d’avoir fait ses adieux à ses proches. Jésus en tire un enseignement valable pour la vie spirituelle de nous tous : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu » (Lc 9, 62).

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus raconte une parabole dans laquelle Abraham débusque la mauvaise foi animant celui qui ne veut pas vraiment renoncer à ses chimères pour entrer de plein pied dans la voie où l’invitent des signes pourtant bien évidents : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus ». Conscients que cette mauvaise foi nous habite parfois, prions afin que l’Esprit Saint entraîne notre cœur loin des ruines que nous sommes tentés de parcourir encore et encore; qu’il nous garantisse de tout ce cinéma que nous aimons nous faire, de toutes ces histoires que nous aimons nous conter pour justifier notre choix de la facilité; et qu’en purifiant notre regard et notre volonté, il affermisse du même coup nos pas sur nos chemins de croix et de joie. Amen.

 

 


 Unité pastorale Montréal-Nord