Carnet du carême

2011

Cher lecteur, chère lectrice, les membres du groupe de jeunes de Montréal-Nord (Québec, Canada) se préparant pour les Journées mondiales de la Jeunesse de Madrid 2011 vous souhaitent la bienvenue !

 

Ce carnet poursuivait deux objectifs principaux: nous préparer spirituellement à l'aventure des JMJ en faisant résonner la Parole dans nos vies respectives; puis permettre à la frange jeunesse de notre Église d'exprimer au reste du monde les résultats de cet exercice. S’il y a bien un espace spirituel propre à la rencontre harmonieuse, authentiquement évangélique, c’est bien celui qu’ouvrent l’écoute et l'actualisation de la Parole, témoin intarissable du désir de Dieu de tous nous rassembler en vue d’une même béatitude, selon la prière du Christ : « Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un »

(Jn 17, 11).

 

À chaque jour du carême, vous trouverez une méditation sur les textes liturgiques écrite par un des jeunes de notre groupe.


©Gaël Cyntha Gracia

Enracinés en Christ...

 

Vous pouvez laisser vos commentaires, suggestions et appréciations à cette adresse: carnetducareme2011@hotmail.ca

 

 

Pour les plus gourmands, vous trouverez ici le carnet du carême du Centre étudiant Benoît-Lacroix

 

 

 
Date Jeudi 10 mars 2011: jeudi après les cendres
Textes liturgiques du jour Dt 30, 15-20    Lc 9, 22-25
Auteur

 Jonathan Guilbault

Renoncer, une affaire de désir

« Celui qui veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. » À mes premiers contacts avec cette parole dure, exigeante de Jésus, j’en faisais une interprétation « orientalisante », plus bouddhiste que chrétienne. C’est-à-dire que je m’imaginais qu’il me fallait m’efforcer de renoncer à tous mes désirs sans exception. Certains courants de l’hindouisme et du bouddhisme, présentant le désir d’être, le désir d’affirmer sa personnalité, comme source de toute souffrance, invitent leurs fidèles à extirper jusqu’à la racine ce genre de désirs. Pour suivre Jésus, pensais-je, je dois devenir impassible, capable de tout supporter, de tout accueillir avec une humeur égale.

 

Si mon interprétation n’était pas sans valeur, elle manquait toutefois de justesse. Bien que Jésus ait soulagé la souffrance de bien des gens, il n’a encouragé personne à s’exercer à l’éviter : par toute sa vie, et avec une clarté éblouissante sur la croix, il nous a montré, au contraire, que la souffrance pouvait être assumée, prise en charge. De même, Jésus n’enjoint pas à fuir le désir, mais à s’épanouir dans la lignée du désir le plus grand : l’amour. S’il se présente comme la vie éternelle, et qu’il se donne à nous afin que nous en héritions, il bénit du même coup notre désir de vivre, d’être, de nous épanouir.

 

Alors qu’en est-il du renoncement, clairement identifié par Jésus, dans l’évangile d’aujourd’hui, comme fondamental et inévitable ? En étant attentifs aux verbes qui entourent l’invitation au renoncement, nous voyons poindre la réponse : « marche derrière moi », « prenne sa croix », « qu’il me suive ». Marcher, prendre, suivre. Renoncer n’a donc rien de passif, de statique. Au contraire, renoncer à nous-mêmes, c’est transgresser nos envies de confort, nos habitudes qui nous isolent sur une île, qui nous enferment dans un univers où l’autre entre difficilement. C’est transformer notre désir de dominer, de nous affirmer aux dépens des autres, en désir d’être-avec, et même en désir d’être-pour. Dans chaque rencontre humaine authentique, il y a un pas à faire vers l’autre. Le plus souvent, ce pas nous coûte, nous rend vulnérables, nous demande de prendre le risque d’être blessés. Et c’est pourquoi c’est une illusion de croire que l’amour est possible sans souffrance. Mais c’est une bonne nouvelle, au fond, car ça signifie aussi que toute souffrance assumée nous prépare à mieux aimer, avec plus d’abandon et une fidélité éprouvée.

 

Le carême est justement cette période où nous sommes invités à suivre Jésus au désert, à marcher dans ses pas, pour renouveler nos dispositions de cœur à prendre résolument la croix qui nous est échue. Dans cette traversée, ce n’est pas la perspective d’une moins grande souffrance qui nous porte, mais l’espérance, folle aux yeux du monde, que notre désir de bonheur y trouvera une occasion de s’élargir, de s’approfondir, jusqu’à ce que notre cœur soit capable d’accueillir le torrent de la vie divine.